Poster promotionnel - 2012, Rise of the Guardians, Peter Ramsey, Dreamworks Animation.
Titre : Rise of the Guardians
Titre français : Les Cinq Légendes
Date de sortie : 21 novembre 2012
Studio : DreamWorks Animation
Réalisateurs : Peter Ramsey
Scénario : David Lindsay-Abaire
Pays de production : États-Unis
Langue originale : Anglais
Durée : 97 minutes
Genre : Drame, comédie, fantastique, merveilleux, action, nostalgique, familial, épique
Avec : Chris Pine, Hugh Jackman, Alec Baldwin, Isla Fisher, Jude Law
Âge minimum recommandé : Entre 3 et 6 ans
Résumé
Sorti des studios DreamWorks en 2012, Les Cinq Légendes suit l’histoire de Jack Frost, un esprit espiègle capable de manipuler la glace. Mais lorsque Pitch, le roi des cauchemars, se lance dans un vaste plan pour changer le monde en ténèbres, Jack est appelé malgré lui à rejoindre un groupe de protecteur des enfants du monde entier.
Au côté du Père Noël, de la Fée des dents, du Marchand de sable et du Lapin de Pâques, Jack Frost devra trouver sa place et sa raison d’être avant que les espoirs et l’innocence des enfants ne disparaissent pour toujours.
À travers une aventure alternant poésie, drame et action épique, le film explore des thèmes puissants comme la beauté de l’innocence et la force de l’espoir.
Pas très différent d’un film de super héros qui serait dédié à la protection des rêves des enfant, c'est une aventure magique et visuellement captivante qui plaira aussi bien aux enfants qu'aux adultes grâce à ses différents niveaux de lectures.
Critique
Les Cinq Légendes est un film d'animation envoûtant qui combine astucieusement les éléments de diverses mythologies pour tisser une histoire originale et visuellement impressionnante.
Le film brille par son animation de haute qualité, ses paysages magnifiques, et ses effets visuels superbes, transportant les spectateurs dans un univers magique.
Doté d'un casting vocal de premier plan (en version originale), il offre une nouvelle perspective à des personnages emblématiques tels que le Père Noël et le Marchand de Sable, créant un monde riche et imaginatif.
Équilibrant habilement humour léger et scènes d'action palpitantes, le film s'adresse à toute la famille. Tout en étant principalement destiné aux jeunes, il aborde des thèmes universels, rappelant à chacun l'importance de préserver l'espoir, même dans les moments les plus sombres.
En somme, "Les Cinq Légendes" est un chef-d'œuvre visuel avec une histoire inspirante, des personnages attachants et une célébration de l'imagination et de la lutte contre les forces du mal qui touchera l'enfant qui réside en chacun de nous.
Réception et postérité
Les Cinq Légendes a reçu une réception généralement positive de la part du public et de la critique lors de sa sortie en 2012 où le film a été salué pour ses animations visuellement impressionnantes, ses thèmes positifs centrés sur l'importance des rêves, ainsi que ses performances vocales.
Les critiques ont apprécié la manière dont le film a revisité les personnages légendaires d'une manière inventive et divertissante. L'animation du film a été applaudie pour sa qualité exceptionnelle, avec des scènes d'action dynamiques et des paysages magnifiquement conçus.
Les acteurs qui ont prêté leur voix aux personnages ont été largement appréciés. Hugh Jackman en tant que "Lapin de Pâque" et Alec Baldwin en tant que "Père Noël" ont particulièrement été félicités pour leurs performances. L’ensemble est d’autant plus appréciable que l’on oublie tout de suite les acteurs derrière le micro pour apprécier les personnages en tant que tels.
Trop souvent avec des acteurs connus, on a du mal à voir un personnage animé autrement que « c’est celui doublé par un tel » tant la personnalité et la voix de l’acteur ne s’effacent pas assez pour laisser la place au rôle qu’ils sont censé interpréter. Et pourtant, ici, malgré des têtes d’affiches bien reconnaissable, pas une fois le visage des acteurs ne s’impose à notre esprit lorsqu’ils parlent.
Le film a reçu des critiques généralement positives de la part des critiques et du public, mais malgré un chiffre d'affaires de 306,9 millions de dollars dans le monde contre un budget de 145 millions de dollars, il a été une déception au box-office et a fait perdre au studio environ 87 millions de dollars en raison des coûts de marketing et de distribution.
C'était d'ailleurs la première fois que le studio perdait de l'argent sur un film d'animation depuis 2003 avec Sinbad - Legend of the Seven Seas (Sinbad - La Légende des Sept Mers).
Cependant, il a rapidement acquis une base de fans fidèle et, en raison de ses thèmes centrés sur les enfants et de son contenu familial, il est devenu un film populaire à regarder en famille, en particulier pendant les vacances.
De plus, il est régulièrement diffusé à la télévision pendant la saison des fêtes, ce qui maintient son attrait pour de nouvelles générations de téléspectateurs et sa présence dans la culture populaire.
En résumé, "Les Cinq Légendes" a connu une réception très positive grâce à ses animations de haute qualité, ses thèmes inspirants et ses performances vocales solides. Le film a réussi à réinventer les personnages légendaires de manière à les rendre pertinents pour un public contemporain tout en maintenant le charme intemporel des histoires légendaires.
Origines
Le film est basé sur la série de livres illustrés "The Guardians of Childhood" (Les Gardiens de l'Enfance) écrit par l'auteur et illustrateur William Joyce.
L'idée lui est venue de sa fille, qui lui avait demandé s'il pensait que le Père Noël avait déjà rencontré le lapin de Pâques. Le film comprend une dédicace à elle, ainsi qu'une chanson, "Still Dream", chantée au générique de fin.
En 2005, après avoir échoué à produire un long métrage basé sur son livre, William Joyce a réalisé un court métrage d'animation, The Man in the Moon (L'Homme dans la Lune), qui avait déjà introduit l'idée des Gardiens.
Début 2008, Joyce a vendu les droits du film à DreamWorks Animation, après que le studio lui ait assuré qu'il respecterait sa vision des personnages et qu'il serait impliqué dans le processus créatif. En 2009, DreamWorks lança le projet avec Peter Ramsey qui ferait ses débuts en tant que réalisateur de ce qui était alors intitulé The Guardians, et le dramaturge David Lindsay-Abaire pour écrire le scénario. Lindsay-Abaire avait déjà travaillé avec Joyce pour co- écrire le scénario de Robots.
Joyce a agi en tant que codirecteur pendant les premières années, mais a quitté ce poste après le décès de sa fille Mary Katherine. Joyce a continué à travailler sur le film uniquement en tant que producteur exécutif, tandis que Ramsey a pris la barre en solo en tant que réalisateur à temps plein, faisant de lui le premier afro-américain à réaliser un film d'animation CG à gros budget ainsi que le premier film DreamWorks ne possédant qu’un réalisateur (et non deux comme c’était le cas jusqu’alors).
Bien que le film soit basé sur la série de livres de Joyce, ils sont complémentaires. Les livres expliquent les origines des personnages (y compris celle de Pitch et comment il est passé de héros légendaire combattant les cauchemars à possédé par ceux-ci), tandis que le film se déroule environ 300 ans après et montre comment les personnages fonctionnent dans le temps présent.
Joyce a expliqué : "je ne veux pas que les gens lisent le livre, puis aillent voir le film et disent : "Oh, j'aime mieux le livre", et je ne voulais pas non plus qu'ils sachent ce qui se passe dans le film. Et je savais aussi qu'au cours de la production d'un film, beaucoup de choses peuvent changer. Donc je voulais avoir une sorte de distance, pour qu'on puisse invoquer les livres et les utiliser pour nous aider à comprendre l'univers du film, mais je ne voulais pas qu'ils soient ouvertement compétitifs les uns par rapport aux autres. »
Notes
L'Homme de la lune :
Dans de nombreuses cultures, plusieurs images paréidoliques d'un visage, d'une tête ou d'un corps humain sont reconnues dans le disque de la pleine lune ; ils sont généralement connus sous le nom d’Homme de la Lune. Les images sont basées sur l'apparence des zones sombres (appelées maria lunaire) et des hautes terres de couleur plus claire de la surface lunaire.
Étrangement, ces croyances ont beaucoup de point commun à différents endroits du globe. La plupart semblent en effet être liées à une punition et beaucoup ont un lien avec le bois.
Différentes traditions européennes veulent que qu’un homme ait été banni sur la Lune pour un crime. La tradition juive considère généralement qu'il est l'homme surpris en train de ramasser du bois le jour du sabbat et condamné par Dieu à mort par lapidation dans le Livre des Nombres.
Certaines cultures germaniques pensaient également qu'il était un bûcheron travaillant le jour du sabbat.
Une autre tradition chrétienne médiévale prétend qu'il est Caïn, le Vagabond, condamné à jamais à faire le tour de la Terre pour avoir tué son frère.
A Rome, il existe une légende selon laquelle il serait un voleur de moutons.
Dans la mythologie haïda (un peuple de natifs de l’Ouest du Canada présents depuis 12500ans), le personnage représente un garçon ramassant du bâton. Le père du garçon lui avait dit que la lumière de la Lune éclairerait la nuit, lui permettant ainsi d'accomplir sa corvée. Ne voulant pas ramasser des bâtons, le garçon s'est plaint et a ridiculisé la Lune. En guise de punition pour son manque de respect, le garçon a été retiré de la Terre et piégé sur la Lune.
Du côté de l’Asie, si l’ont voit plus naturellement un lapin dans les « ombres » de la Lune, de nombreuses légendes variées rejoignent l’idée de l’Homme de la Lune. La mythologie Japonaise dit par exemple qu’un peuple humanoïde vivrait sur la Lune et cette idée est souvent récupérée dans la culture populaire, notamment grâce au Conte de la Princesse Kaguya (Kaguya-hime no monogatari – かぐや姫の物語) lui-même pratiquement identique à un conte tibétain antérieur.
Dans la mythologie vietnamienne, l'Homme sur la Lune s'appelle Cuội. Il était à l'origine un bûcheron sur Terre qui possédait un arbre magique. Un jour, sa femme l’arrosa par ignorance avec de l'eau impure, ce qui le fit se déraciner pour s'envoler. Cuội attrapa ses racines et fut emmené sur la Lune. Là, il accompagna éternellement la Dame de la Lune et le Lapin de Jade. Le trio est devenu la personnification du Tết Trung Thu, lorsqu'ils descendent dans le monde des mortels et distribuent des lanternes, des gâteaux de lune et des cadeaux aux enfants.
Dans la mythologie chinoise, la déesse Chang'e s'échoue sur la Lune après avoir consommé une double dose d'une potion d'immortalité. Dans certaines versions du mythe, elle est accompagnée de Yu Tu, un lapin lunaire. Une autre mythologie raconte l'histoire de Wu Gang, un homme sur la Lune qui tente d'abattre un arbre qui repousse toujours.
Dans la mythologie aztèque, après que l'humble dieu Nanahuatzin ait sauté dans le feu sacrificiel pour devenir le dieu solaire Tonatiuh, le dieu fier, vaniteux, riche mais hésitant, Tēcciztēcatl, le suivit dans le feu, devenant ainsi le deuxième soleil. Cependant, les dieux étaient tellement en colère contre la lâcheté de Tēcciztēcatl qu'ils lui jetèrent un lapin au visage, atténuant sa lumière et laissant une empreinte du lapin sur la surface de la Lune.
Plus récemment, une image bien connue dérivée de ces croyances est la fameuse Lune de Méliès dans Le Voyage dans la Lune.
Et pour finir, dans son travail titanesque d’intégration de contes européens dans son univers de la Terre du Milieu, J.R.R. Tolkien a lui même composé le poème L'Homme dans la lune a veillé trop tard (The Man in the Moon Stayed Up Too Late) chanté par Frodo Baggins dans Le Seigneur des Anneaux. Il s’est basé sur la comptine du XVIIeme siècle (mais datant potentiellement de plus de mille ans) « Hey Diddle Diddle (The Cat and the Fiddle) » parlant d’une vache sautant par dessus la Lune qui est d’ailleurs à l’origine de l’expression « I am over the moon » lorsque les anglophones sont extrêmement content.
L'Homme dans la Lune est composé de différentes marias lunaires (lesquelles dépendent de l'image paréidolique vue). Ces vastes zones plates de la Lune sont appelées « maria » ou « mers » car, pendant longtemps, les astronomes ont cru qu'il s'agissait de vastes étendues d'eau. Il s'agit de vastes zones formées par de la lave qui a recouvert d'anciens cratères puis s'est refroidie, devenant une roche basaltique lisse.
Concernant le Marchand de sable ou Sandman en version originale (ce qui correspond bien plus à sa description dans le film), je vous revoie pour plus de détails à la vidéo de l’excellente chaîne Occulture. Mais en résumé, on n’a pas d’origine claire de tous les mythes du marchand de sable ou de toutes les versions faisant un lien entre sable et sommeil (si ce n’est que la version française provient d’un mythe germanique), si ce n’est cette sensation d’avoir du sable dans les yeux lorsque l’on est épuisé.
Par ailleurs, évidemment, s’il ne parle pas, c’est pour ne par troubler le sommeil des enfants qui dorment. Cependant, il peut parfaitement parler s’il le souhaite puisqu’il parle une (seule) fois dans le livre qui lui est dédié.
La Fée des dents est un personnage intéressant à analyser puisque les spectateurs francophones ne sont pas familiers avec ce personnage, même si l’idée de base est présente un peu partout dans le monde.
En Europe les plus anciennes traces écrites d’une fée des dents remonte au XIIIeme siècle avec l’Edda islandaise qui mentionne qu’une tann-fé (ou tooth fee) était la tradition de faire un cadeau aux enfants qui perdaient leur première dent de lait. Dans l’imaginaire norrois, porter quelque chose ayant appartenu à un enfant portait chance sur le champ de bataille et certains guerriers arboraient donc des colliers faits de dents de lait autour du cou. Le cadeau fait aux enfants pouvait être à la fois un moyen d’« acheter » la dent, de célébrer une nouvelle étape dans la progression de sa vie ou simplement pour l’apaiser. La tradition est d’ailleurs toujours présente dans les pays scandinaves et la fée est toujours appelée tannfe en norvégien.
Comme souvent lorsqu’un objet est lié à une superstition, le temps ne fait qu’étendre son lien avec la magie et, durant le moyen-âge, il était dit que si une sorcière entrait en possession de la dent d’un enfant, elle obtenait un contrôle total sur lui. Pour cette raison et par peur que l’enfant passe sa vie dans l’au-delà à chercher ses dents perdues, les enfant d’Angleterre brûlaient leurs dents de lait. Dans d’autres régions, on enterrait les dents dans le jardin, au pied d’un arbre, dans l’espoir que les nouvelles dents repoussent correctement grâce à une certaine osmose avec la plante.
La fée moderne est probablement née progressivement comme pendant positif de la sorcière médiévale puisque l’une des premières mentions d’une véritable fée remonte à 1908 dans le Chicago Tribune qui décrit la tradition telle qu’on la connaît toujours aujourd’hui avec une pièce de 5ct laissée sous l’oreiller.
Si la tradition de faire un cadeau aux enfants a perduré, de nombreuses variantes se sont évidemment installées régionalement, comme montré dans le film avec la souris française de « la division européenne » .
Ainsi, si l’origine précise de la petite souris présente dans pratiquement tous les pays francophones (France, Belgique, Suisse, Maroc, Algérie, Luxembourg...) n’est pas clairement établie, elle remonte peut être au XVIIème siècle.
En 1698, dans le conte La bonne petite souris de la baronne Marie-Catherine d'Aulnoy (autrice proche du style de La Fontaine pour ses critiques déguisées en satires de la cour et de la société française de l’époque mais faisant également partie des auteurs à l’origine des contes du genre merveilleux), une fée se transforme régulièrement en souris pour aider une reine et sa fille contre un roi maléfique. Mais le rapport avec les dents est assez distant puisqu’à un moment, elle fait tomber le roi et lui brise quatre dents et, à la fin du conte, elle se cache sous son oreiller puis celui de son fils afin de leur ronger progressivement le visage d’une façon plutôt graphique.
Une autre croyance ayant probablement renforcé cette image liée au conte est que, si une dent est trouvée par un animal, la nouvelle dent ressemblera à celles de cet animal. Les puissantes incisives des souris sont donc à la fois recherchées et ressemblantes avec beaucoup de bouches humaines dont les deux dents de devant sont plus proéminentes (et vont donc dans le sens des superstitions).
En revanche, dans les pays francophones du Canada, c’est bien la fée des dents qui est toujours présente.
Dans les pays hispanophones, El Ratoncito Pérez ou Ratón Pérez (Pérez la petite souris) est apparu en 1894 dans un conte écrit par Luis Coloma pour le roi Alfonso XIII, alors agé de huit ans, qui venait de perdre une dent de lait. Mais dans la région de Cantabria, en Espagne, ils ont l’Esquilu de los dientis (l’écureuil des dents)
En Italie, les deux versions coexistent mais la fée des dents (Fatina dei denti) est bien plus présente que Topolino, la petite souris. La fée est généralement incarnée par la sainte Apollonia dont le martyre consista à avoir les dents brisées puis à se jeter dans le feu plutôt que de renier son dieu. Elle est également la patronne des dentistes et des personnes soufrant de mots de dents… on se demande tout de même si elle aurait apprécié cette représentation, d’autant qu’elle est généralement représentée avec une dent à ses côtés. L’idée de raconter cette histoire à ses enfants fait également froid dans le dos, mais bon, chacun traumatise ses enfants comme il le souhaite, je suppose. Nous, on regardera le Roi Lion.
Pour finir rapidement le tour des versions, en écosse un mélange a été fait puisque c’est un rat blanc féerique qui achète les dents avec des pièces. En Catalogne, ce sont Els Angelets (les petits anges) ou "Les animetes" (les petites âmes).
Au Pays Basque, c’est Mari Teilatukoa ("Mary du toit") qui vit sur les toits et attrape les dents jetées par les enfants. Une tradition que l’on retrouve également en Corée où ce sont les pies, l’animal national, qui apporte la chance si elles trouvent une dent sur le toit.
Concernant l’apparence de la fée des dents, il n’y a pas vraiment de consensus dans la réalité. Une étude de 1984 (par Rosemary Wells)
démontre que 74% des personnes interrogées pensaient que la Fée des dents était une femme, 12% pensant que la Fée des dents n'était ni un homme ni une femme, et 8% pensaient que la Fée des dents pouvait être un homme ou une femme.
Petite précision, si en France le mot « fée » est fortement associé à une femme, en anglais (et en général dans les langues germano-saxones dont le mythe est issu), le mot est neutre et désigne plus une espèce qui peut être homme/femme ou, plus généralement, asexué.
Parmi les différentes descriptions, le classique reste une Fée des Dents de base de type Fée Clochette avec les ailes, la baguette, et ainsi de suite. Ensuite, il y a des gens qui considèrent la Fée des Dents comme un homme, un lapin ou une souris. Enfin, les différentes autres représentations incluent un enfant avec des ailes, un lutin, un dragon, une figure maternelle bleue, une ballerine volante, deux hommes un peu plus âgés, une hygiéniste dentaire, un homme volant ventru fumant un cigare, une chauve-souris, un ours et encore d’autres.
Contrairement à l’imagination bien établie du Père Noël, les différences dans les illustrations de la Fée des Dents ne dérangent pas autant les enfants.
Dans le film, son apparence est basée sur une kinnara, une créature mi humaine, mi oiseau des mythes Bouddhistes et Hindous ayant une association importante avec la musique et l’amour.
Petite anecdote finale, dans le film, chaque dent collectée par la Fée des Dents a des racines, comme une dent adulte arrachée. Cependant, la plupart des dents sont censées être des dents de lait et devraient être des coquilles creuses sans racines. Mais comme l’image serait moins parlante, on peut comprendre ce choix artistique.
"What's Opera, Doc?" Acte final. Leopold Stokowski avait en effet tendance à être très théâtral, n'hésitant pas à jeter ou briser sa baguette pour diriger l'orchestre à la main - 1957, Chuck Jones, Warner Bros.
Le design de Mickey a été retravaillé pour ce film par l’animateur Fred Moore (en lui donnant notamment des pupilles) afin de relancer la popularité du personnage en le rendant plus mignon. C'est ce design plus moderne qui existe toujours actuellement.
Le segment d'ouverture du film, Toccata and Fugue in D Minor de Johann Sebastian Bach, est une abstraction visuelle abstraite sans personnages ni histoire. Il a été conçu pour introduire l'idée que l'animation pourrait être une forme d'art abstrait.
La séquence Rite of Spring (Le Sacre du printemps) commence bien, d'un point de vue scientifique, pour illustrer l'évolution du développement de la Terre puis de la vie. Mais il faut garder en tête que les dinosaures représentés le sont via une vision purement artistique et/ou dépassée par les nombreuses connaissances acquises depuis 1940.
Pour commencer, concernant l'événement le plus marquant, le stégosaure vivait entre 155 et 150 millions d’années avant notre ère, durant le Jurassique supérieur, tandis que le tyrannosaure vivait entre 68 et 66 million d’années avant notre ère, à la fin du Crétacé.
On pourrait dire que l’un des deux n’est pas à la bonne époque mais on peut aussi apercevoir des tricératops (-68 à -66 Ma), des archéoptéryx (-156 à -150 Ma), des iguanodons (-145 à -122 Ma) ou des apatosaures (-156,3 à -146,8 Ma. Nommés brontosaures par le grand public mais ce nom vient d'un fossile d'apatosaure qui avait mal été identifié. Depuis 1903 brontosaure est considéré comme un "synonyme plus récent" d'apatosaure et n'existe plus en tant qu'espèce indépendante).
L'idée était donc pour Disney de provoquer l'intérêt du public avec des figures reconnaissables, peu importe leur période respective. C'est d'ailleurs Walt qui insistera pour mettre trois "doigts" au tyranosaure (car non, il ne s'agit pas d'un allosaure, les artworks le précisent bien) pour qu'il apparaisse plus menacant pour les spectateurs.
Le maître sorcier de The Sorcerer's Apprentice fut secrètement nommé Yen Sid (« Disney » à l’envers) par les animateurs qui lui donnèrent même le haussement de sourcil caractéristique de leur patron.
Cette astuce, associée à son rôle de mentor de Mickey, a assuré le retour de ce personnage dans des œuvres ultérieures.
Il est depuis devenu un narrateur (dans les attractions des parcs Disney), et assume souvent le rôle de mentor de Mickey et d'autres personnages (dans un dessin animé de 1971 et dans la série de jeux Kingdom Hearts qui lui ont donné un nouvel élan de popularité dès le deuxième épisode en 2005 en lui attribuant enfin un rôle défini et consistant).
Le poème symphonique qui a donné la séquence Night on Bald Mountain fut écrit à l'origine par Modeste Moussorgski en s'inspirant d'une nouvelle fantastique de 1830 de Nikolaï Gogol, Vecher nakanune Ivana Kupala (La Nuit de la Saint-Jean) qui met en scène un contrat passé avec une sorcière. Notch' na lissoï gorie (Une nuit sur le mont Chauve) aurait été écrit après une promenade sur la colline de Lysa Hora ("Mont Chauve", aujourd'hui en République Tchèque) non loin de Kiyv en 1867.
Le démon du Mont Chauve est nommé Chernabog et est issu des mythes slaves (son vrai nom étant Chernobog) où il va de pair avec Belobog. Transmis jusqu'à nous par un chroniqueur chrétien trois siècles après la christianisation du pays (donc avec son lot de réinterprétations, son existence même étant mise en doute puisqu'aucune source d'origine n'a été trouvée à ce jour), il s'agissait sûrement d'une divinité mineure, voir d'une figure de superstition, évoquant la malchance.
Avec le temps, il évolua dans les mythes chrétiens en tant qu'avatar local du diable.
Le légendaire Bela Lugosi, resté célèbre pour son interprétation de Dracula de 1931 après avoir incarné le comte à Broadway, a passé une journée entière à poser pour l'animateur Bill Tytla afin de servir de référence pour Chernabog. Au final, le résultat ne satisfaisant pas Tytla, il s'inspira de Wilfred Jackson, un autre animateur et réalisateur (même si ce titre réduit énormément sa participation chez Disney puisqu'il fait partie des Légendes Disney, un honneur décerné aux contributeurs particulièrement importants dans l'histoire de la compagnie).
Bela Lugosi (1882-1956, de son vrai nom hongrois Béla Ferenc Dezső Blaskó) dans le "Dracula" de 1931, la première adaptation au cinéma de la nouvelle de Bram Stoker de 1897. Il interprétera également (entre autres) Ygor dans "Son of Frankenstein" (1939) - 1931, Dracula,Tod Browning, Universal Pictures.
Les artistes ayant travaillé sur le segment de Pastoral Symphony (La Symphonie Pastorale) de Ludwig van Beethoven ont noté les noms des personnages lors de leur conception et on peut constater qu’ils ont attribué les noms latins de certains personnages malgré un contexte clairement identifié comme une journée dans la mythologie grecque.
Ainsi, si Morphée (dieu des rêves), Nyx (déesse de la nuit), Zeus (dieu suprême), Iris (messagère d’Hera) et Apollon (dieu des arts et de la beauté masculine) ont bien leur nom grec (ou plus précisément, la version anglaise de leur nom grec), Dionysos (le dieu du vin et de la fête) est nommé Bacchus, Héphaïstos (dieu du feu et de la forge) devient Vulcain, Artemis (déesse de la chasse, de la nature et de la procréation) devient Diane et les satyres deviennent des faunes.
Dans cette séquence, la Commission Hays (code de production du cinéma états-unien de 1930 à 1966 définissant les limites de ce qui était montrable. L'un des deux rédacteurs du code étant un prêtre, je vous laisse imaginer la liberté qu'avaient les créateurs) a d'ailleurs imposé le port de soutiens-gorge floraux pour les centaures femelles.
L'esthétique générale de cette séquence a été reprise presque telle quelle pour le film Hercules (Hercule) de 1997 qui se passe également dans un contexte de mythes grecs (les designs des pégases sont tout particulièrement proches). D'ailleurs, comme pour Fantasia, Hercule a pris son nom romain au lieu de garder Héraclès, son nom grec d'origine (Grèce où se passe l'action, rappelons le). Mais le nom était plus familier pour le public occidental.
Pour en finir sur la Symphonie Pastorale, La première version du film possédait une petite centaure noire (Sunflower) représentée avec des stéréotypes racistes alors qu’elle joue un rôle de "servante" (pour être sympa).
Outre son apparence (qui est plus un problème que nous comprenons enfin de nos jours, à l’époque, c’était la norme), c’est surtout son attitude très servile et le fait qu’elle cire les sabots des centaures adultes, beaux et blancs qui posa rapidement problème.
En 1969, elle fut donc retirée (avec de simples zoom pour la sortir du cadre ou simplement en coupant des scènes) afin d’éviter de propager des stéréotypes raciaux aux nouvelles générations comme celui des afro-américains ravis de servir leurs maîtres (stéréotypes que l'on reverra à nouveau en 1946 dans Song of the South (Mélodie du Sud)).
Poster promotionnel pour "Song of the South" de 1946. Le film, bien que généralement apprécié (sans être un chef d'œuvre) pour ses séquences d'animation et ses musiques, fut critique dès sa sortie pour sa représentation jugée raciste des afro américains.
Dans un état du sud, juste après la guerre civile américaine, un ancien esclave (Oncle Remus) donne des leçons de vie aux petits enfants de la propriétaire de sa plantation à travers des contes animés. Le problème étant qu'il parle avec nostalgie d'une époque idéalisée qui n'a jamais existée que dans l'imagination de ceux qui s'idéalisaient la vie "simple et heureuse" des esclaves. De plus, le film a gardé le dialecte et de nombreux cliches du livre de 1881 dont il est adapté et qui est une interprétation très faussée et stéréotypée d'un auteur blanc qui n'appartenait clairement pas a cette communauté. Au final, Disney n'a jamais ressorti le film depuis sa sortie initiale et a bloqué les publications dans tous les pays afin de le faire oublier. Mais dans un bel exemple d'effet Streisand, plus le film a été bloqué, plus il a attiré l'attention sur lui. - 1946, Song of the South, Harve Foster/Wilfred Jackson, Walt Disney Productions.
En 1999, Disney a sorti Fantasia 2000, un nouveau film qui faisait suite à l'idée de Walt Disney de produire une série de films proposant de nouvelles séquences dans la même veine que le premier. Une version remastérisée de Sorcerer Apprentice y est incluse avec des mises à jour visuelles et sonores aux côtés de nouvelles séquences profitant des nouvelles technologies pour proposer un spectacle impressionnant.
Certaines idées n'ayant pas pu être exploitées sur le premier film ont d'ailleurs enfin pu être utilisées.
Bien que le film n'ait pas atteint le même statut que l'original, il a toutefois permis de raviver l'intérêt pour Fantasia.
Pour finir, Fantasia est un film qui continue d'influencer et d'inspirer les créateurs et le public, tout en étant reconnu comme un jalon important de l'histoire du cinéma. Sa fusion audacieuse de la musique classique et de l'animation reste une référence dans le domaine de l'art cinématographique.
Il est parfait pour un premier film à montrer à ses enfants car la naration sans texte aide le cerveau à apréhender un style narratif visuel, qui pousse à comprendre la situation et les intention simplement en analysant le contexte ou les expressions. On évite également le surplus de texte qui peut vite lasser un enfant ne comprenant pas tous les mots sans pour autant tomber dans le simple slapstick.
Ici, la narration de différents genres est bien présente et aide à l'apprentissage en douceur de l'enfant. Sans compter, bien évidemment, le potentiel éveil d'intéret pour la musique classique ou tout du moins, son apprivoisement en douceur sans passer par la case "non, ça ne m'intéresse pas, c'est une musique pour les grands" (ou les vieux, c'est selon les filtres de l'enfant...).
Sources
The Walt Disney Film Archives. The Animated Movies 1921–1968 - Daniel Kothenschulte, Tashen, 2016.
Les Archives des films Walt Disney. Les films d'animation 1921-1968 (Édition française) - Daniel Kothenschulte, Tashen, 2016.
Walt Disney: L'âge d'or - 2006, Pierre Lambert, Démons et merveilles.
Mickey - 1998, Pierre Lambert, Démons et merveilles.
Fantasia 2000 - Blu-Ray / DVD
Ecrit par Anthony Barone le 21 Octobre 2023
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